The Sweet32 Speaker Interrupter-Switcher Installation Thing
(Ceci n'est pas la haute-fidélité)
Une réalisation de James Schidlowsky
Une installation de haut-parleurs récupérés qui spatialise et modifie la perception du son.
Après quelques années de cueillette de haut-parleurs dans les déchets, je finis par en faire une installation murale.
Le point de départ de cette installation sonore est le timbre spécifique de
tout haut-parleur. Ceci fait en sorte que le même son peut être
perçu différemment selon le haut-parleur qui est actif à
un certain moment. Les haut-parleurs émettent des sons de manière
intermittente et aléatoire, ce processus étant contrôlé
par deux boites de circuits électroniques. En raison de la disposition des
haut-parleurs et des imperfections des circuits, il en résulte une
spatialisation singulière.
On peut cliquer sur la plupart de ces photos pour en voir une version plus grande...
2008: la cueillette
Je commence à ramasser des haut-parleurs dans les déchets de façon
sérieuse, avec quelques vagues idées en tête sur ce que voudrais
en faire une fois que ma collection sera assez grande. Au mois de novembre, j'en ai
environ 65, lorsque cette photo a été prise.
À ce stade-ci, je ne m'y connais pas beaucoup en électronique. Alors
j'en discute avec quelques amis qui s'y connaissent, pour me faire répondre que
mes idées ne marcheront pas, ou sinon seront très complexes à
réaliser.
Au cours des deux prochaines années, ma collection s'étend à
plus de 100 haut-parleurs. C'est à ce moment que j'arrête d'en ramasser,
à l'exception de quelques trouvailles particulièrement intéressantes.
2010: Apprentissage en électronique
Je commence mon autoapprentissage en électronique.
Je construis diverses boites électro-sonores, tout en expérimentant des
idées qui serviront plus tard à la réalisation de ce projet.
Pendant ce temps, la collection de haut-parleurs dort au sol sous une bâche en plastique.
Août 2012 – phase 1 : décoration murale
À l'occasion d'un lancement de l'étiquette
squintfuckerpress
dans mon atelier, je me décide enfin à installer les haut-parleurs au mur.
Il me parait que le moyen le plus simple serait de les attacher avec du fil de fer
à une grille métallique. Ça implique beaucoup de travail.
À la fin du processus, ça adonne que chaque grille compte 47 haut-parleurs.
Décembre 2012 – phase 2 : filage et électronique de contrôle
Vu que ce n'est pas pratique de brancher chaque haut-parleur individuel, j'en branche
16 par grille, ce qui donne un total de 32 haut-parleurs. D'où le «
Sweet32 » du titre, une référence au système de
disposition de haut-parleurs « Sweet 16 », présenté
dans le revue
Popular Electronics de janvier 1961.
Je conçois une boite de contrôle qui détermine de façon
aléatoire les haut-parleurs qui sont actifs à un moment donné.
Pour mettre du piquant, je crée un circuit qui peut interrompre le signal de
chaque canal séparément. La vitesse de ces actions est contrôlable
par des boutons rotatifs (potentiomètres). Voulant ajouter d'autres possibilités,
j'intègre des entrées CV (control voltage) également,
afin de pouvoir contourner les boutons et contrôler la boite par signaux externes.
Je peux enfin montrer l'installation à certains intéressés,
dans l'intimité de mon atelier maison.
À l'intérieur de la boite de contrôle
Pour les férus d'électronique parmi vous : le courant pour alimenter
les haut-parleurs était trop élevé pour les multiplexeurs
CMOS CD4067. Alors j'ai été obligé d'utiliser 32 transistors
MOSFET individuels pour faire la commutation!
Mai 2013 – phase 3 : électronique d'automation
Après maintes recherches et expérimentations, j'arrive enfin à
déterminer les circuits qu'il faudra pour le dispositif d'automation de la
boite de contrôle. L'idée de base est de créer une boite qui
contrôlerait les paramètres de la boite de contrôle principale,
ouvrant ainsi la possibilité de les moduler lentement, de façon
automatisée. De cette manière, il serait possible de créer
une installation autonome qui produirait des sons en évolution constante,
sans intervention humaine.
La boite génère des ondes triangulaires séparément pour
chacun des canaux, soit de façon aléatoire, soit par une fréquence
qui monte et descend lentement. La boite peut générer 256 tonalités
différentes, qui sont représentées par les afficheurs D.E.L.
latéraux. Elle génère aussi des signaux CV et « gate »,
pour contrôler la vitesse des interrupteurs et du commutateur.
À l'intérieur de la boite d'automation
On y voit 11 puces, dont deux microcontrôleurs PICAXE-14M2, et beaucoup de
filage. À chaque fois que je réalise une boite, j'essaie de disposer
les éléments de façon plus logique et élégante.
J'apprends un peu plus à chaque réalisation.
La boite d'automation contrôlant la boite de contrôle
Non, il n'y aura pas une autre boite de contrôle pour contrôler
la boite de contrôle qui contrôle la boite de contrôle!
Août 2014 – phase 4 : exposition extramuros et concert
L'installation est exposée pendant quelques jours à l'espace
montréalais STABLE. Les grilles sont montées sur des feuilles de
contreplaqué de merisier russe (bouleau baltique) suspendues
du plafond par câbles d'acier tressé. Pour clore l'exposition,
Alexandre St-Onge et
Alexander MacSweenprésentent des
prestations de pièces qu'ils ont composées
sur mesure pour l'installation-instrument.
Août 2014 – trois boites de contrôle pour présentation en mode installation
Je décide qu'il serait intéressant d'ajouter du bruit blanc, ainsi qu'une
modulation des niveaux sonores. Pour l'installation en galerie, je réalise une
boite simple « source sonore - contrôle de niveaux » (à
droite en bas de l'image) qui crée la possibilité d'un choix entre le
bruit blanc et les fréquences produites par la boite d'automation.
Cette boite alterne de façon aléatoire entre trois niveaux sonores :
maximum, moyen, ou presque silencieux. La vitesse de sélection des niveaux
est contrôlable de façon indépendante pour chaque canal.
Mai 2016 – une nouvelle boite de contrôle
Cette boite de contrôle remplace la boite de contrôle originale, avec un
système d'amplification amélioré et une intégration des
fonctions de la boite « source sonore - contrôle de niveaux »,
construite en août 2014. Une autre particularité de cette nouvelle boite
est qu'elle peut utiliser un signal « gate » pour éteindre le son
complètement. De cette façon, en utilisant un capteur de mouvement,
l'installation produirait du son seulement quand un auditeur est présent
dans la pièce.
